What has happened in Niger since the July 26 coup? ➡️ https://t.co/wMi19vjV6H pic.twitter.com/jrtHJcKA4L
— Al Jazeera English (@AJEnglish) August 20, 2023
Contexte
COUP D'ÉTAT MILITAIRE
Le 26 juillet 2023, le général Abdourahmane Tiani et d'autres militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) autoproclamé ont renversé le gouvernement du président Mohamed Bazoum, qui demeure depuis en détention au palais présidentiel.
Le 30 juillet 2023, en réaction au coup d'État, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a décidé la suspension des transactions commerciales et financières avec le Niger et a menacé d'intervenir militairement si la junte ne libérait pas Bazoum. Le 10 août, la CEDEAO a pris des sanctions contre les putschistes, tandis que l'Union africaine a suspendu la participation du Niger aux organes et aux institutions communautaires le 22 août 2023.
Le 10 octobre 2023, le CNSP a ordonné le départ de Louise Aubin, coordinatrice résidente des Nations unies au Niger, dans un délai de 72 heures, après avoir accusé, le 22 septembre 2023, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, d'avoir des « agissements perfides » et de faire obstacle à la pleine participation du Niger à la 78ᵉ session de l'Assemblée générale des Nations Unies.
#Niger Depuis le coup d'Etat du 26 juillet, les droits humains sont en danger avec les arrestations arbitraires et les attaques contre la liberté de presse. @hrw et @amnesty invitent les autorités à garantir la liberté d’expression et l'Etat de droit.https://t.co/TBHg2wRDru
— Amnesty West & Central Africa (@AmnestyWARO) October 26, 2023
LES GROUPES DE DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME S'INQUIÈTENT DE LA RÉPRESSION DE LA DISSIDENCE PACIFIQUE ET DES MÉDIAS CRITIQUES
Dans un communiqué publié le 26 octobre 2023, les groupes de défense des droits de l'homme Amnesty International et Human Rights Watch ont signalé que les autorités militaires de la transition ont réprimé les médias critiques et la dissidence pacifique depuis le coup d'État militaire de juillet 2023. Des journalistes et des membres d’organisations de médias ont révélé à ces deux groupes qu'ils subissent des pressions et des intimidations accrues depuis le coup d’État, notamment des menaces de violence et de surveillance.
La liberté d’expression, la dissidence et la liberté de la presse sont essentielles à la jouissance d’autres droits et [au respect de] l’obligation du gouvernement de rendre des comptes. Les autorités militaires de la transition doivent agir avec détermination pour mettre fin aux menaces, au harcèlement, à l’intimidation, aux arrestations et aux violences croissantes à l’encontre des journalistes, des organisations de médias et des opposants nigériens ; et prendre des mesures efficaces pour respecter, protéger, promouvoir et mettre en œuvre les droits de tous dans le pays.
- Ousmane Diallo, chercheur sur le Sahel à Amnesty International.
En outre, les groupes de défense des droits de l'homme ont indiqué que la junte militaire avait détenu arbitrairement plusieurs responsables du gouvernement déchu.
#NIGER 🇳🇪 - @pressfreedom reports that after being taken from her home on 30 September and 11 days in detention, @samirasabou now charged with disseminating data likely to disturb public order: https://t.co/Bira0zKVon
— IFEX (@IFEX) October 24, 2023
LIBERTÉ D'EXPRESSION ET D'ASSOCIATION
LA JOURNALISTE ET BLOGUEUSE SAMIRA SABOU ARRÊTÉE ET POURSUIVIE DEVANT LES TRIBUNAUX
Le 30 septembre 2023, quatre hommes en civil qui se sont présentés comme des membres des forces de sécurité ont arrêté la journaliste, militante et présidente de l'Association des blogueurs pour une citoyenneté active, Samira Sabou, au domicile de sa mère, à Niamey, en présence de son mari. Ils lui ont mis une cagoule sur la tête et l'ont emmenée vers une destination inconnue. La police judiciaire de Niamey a d’abord nié l’avoir arrêtée ; cependant, huit jours plus tard, le 7 octobre, elle a été transférée à la brigade criminelle de la police de Niamey. Le 11 octobre, elle a été inculpée pour « production et diffusion de données susceptibles de troubler l’ordre public » et a été libérée provisoirement dans l’attente de son procès.
Reporters sans frontières (RSF) a informé que Sabou avait mis en ligne un document fuité du ministère de la Défense qui contenait les noms d'officiers de l’armée sur le point d'être mutés.
Le 4 août 2023, Sabou a fait savoir qu'elle avait reçu un appel intimidant d'un membre de l'armée qui l'a interrogée concernant une de ses publications sur les réseaux sociaux qui comportait un message de Bazoum, le président déchu.
Sabou a fait l'objet de détentions arbitraires et de harcèlement judiciaire à plusieurs reprises. Comme nous l'avons signalé, elle avait été condamnée en janvier 2022 à une peine d'un mois de prison avec sursis et à une amende de 50 000 CFA (86 USD) pour diffamation, après avoir diffusé le rapport d'une OSC sur le trafic de drogue. En 2020, elle avait été mise arbitrairement en détention pendant 48 jours jusqu'à son acquittement le 28 juillet 2020.
La détention de Sabou a provoqué un tollé parmi les défenseurs des droits de l'homme et de la liberté de la presse. Dans un communiqué, le Réseau ouest africain des défenseurs des droits de l'homme (ROADDH) et le Réseau nigérien des défenseurs des droits humains (RNDDH) ont exprimé leur préoccupation et ont appelé l'État nigérien à respecter ses engagements internationaux en matière de droits de l'homme.
Protect press freedom – MFWA, 79 others urge Niger’s junta@RSF_en @RSF_inter @CPJAfrica @AFEXafrica https://t.co/0k0YZ1wBIr
— Media Foundation for West Africa (@TheMFWA) August 30, 2023
INTIMIDATIONS, MENACES ET ATTAQUES CONTRE DES JOURNALISTES
Au Niger, depuis le coup d'État militaire du 26 juillet 2023, des journalistes nigériens et étrangers ont été intimidés, menacés, attaqués ou soumis à des actes de cyberharcèlement. Dans un appel publié par RSF, 80 journalistes, patrons de médias et défenseurs de la presse africaine ont demandé aux autorités militaires du Niger de respecter la liberté de la presse. Elles ont mis en lumière des actes documentés par des organisations de défense de la liberté de la presse et perpétrés par des officiers de l'armée ou par des partisans du coup d'État. En voici quelques-uns :
- Le 28 juillet 2023, des hommes masqués non identifiés ont arrêté Sahiana Maman Hassan, rédacteur en chef du magazine d'information Le Témoin de l'Histoire, alors qu'il marchait près de son domicile à Niamey. Ils l'ont menacé de faire une descente chez lui « très bientôt » et de l'enlever. Le 7 août 2023, Maman Hassan a expliqué au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qu'il s'était caché et qu'il avait suspendu l'impression du Témoin de l'Histoire pour des raisons de sécurité.
- Les journalistes indépendants Amaury Hauchard et Stanislas Poyet, tous deux établis à Niamey, ont été agressés physiquement et verbalement le 19 août 2023, alors qu'ils couvraient un rassemblement des « volontaires de la patrie ». Les deux hommes ont été battus et Poyet s'est fait voler son passeport et son équipement radio.
- En août 2023, Anne-Fleur Lespiaut, correspondante de TV5 Monde, a été victime d’une campagne de cyberharcèlement entreprise par des partisans de la junte qui ont menacé de lui « régler son compte ».
- Le 28 juillet 2023, lors d'une conférence de presse organisée par le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) du président déchu Bazoum, des hommes non identifiés ont attaqué les équipes du réseau de radio Anfani et de la chaîne de télévision Bonferey, et ont endommagé une caméra de cette dernière.
Dans un communiqué publié le 16 août 2023, la Maison de la presse a exprimé son inquiétude pour les « pressions, les menaces et les intimidations » que subissent les professionnels des médias.
🚨Coup d’état au #Niger : les putshistes coupent le signal de RFI et de France 24 https://t.co/rqIgWgYi5Y
— LSI AFRICA (@lsiafrica) August 3, 2023
FRANCE 24 ET RFI BLOQUÉS
Le 3 août 2023, le CNSP a ordonné le blocage du signal des radiodiffuseurs français France 24 et Radio France Internationale (RFI), du groupe public français de radiodiffusion internationale France Médias Monde (FMM), qui a dénoncé une « suspension » effective prise « hors de tout cadre conventionnel et légal ».
La décision du Niger fait suite à celles prises par les juntes militaires du Burkina Faso et du Mali, qui ont suspendu les deux chaînes françaises pour une durée indéterminée.
SIX UNIVERSITAIRES ET FONCTIONNAIRES DÉMIS DE LEURS FONCTIONS POUR AVOIR SIGNÉ UNE PÉTITION
Amnesty International a signalé que six universitaires et fonctionnaires ont été démis de leur fonction par un décret pris par Abdourahmane Tiani, le chef militaire du Niger, le 22 août 2023. Cette mesure intervient un jour après qu'ils ont signé, avec d'autres universitaires, une pétition par laquelle ils prenaient leurs distances avec une déclaration publiée par le Syndicat national des enseignants et chercheurs, dans laquelle le syndicat exprimait son soutien au CNSP.
Liberté de réunion pacifique
MANIFESTATIONS CONTRE LA FRANCE, CONTRE LA PRÉSENCE DE TROUPES FRANÇAISES ET EN SOUTIEN AU CNSP
Depuis le coup d'État militaire du 26 août 2023, plusieurs manifestations anti-françaises et de soutien à la junte militaire ont eu lieu au Niger. Par exemple, les 2 et 3 septembre 2023, des milliers de personnes se sont rassemblées à Niamey et à Ouallam pour exiger le départ des soldats français du sol nigérien. Des milliers de personnes ont manifesté leur soutien à la junte militaire le 20 août 2023, à la suite d'un discours du général Abdourahmane Tiani dans lequel il a promis une transition vers un régime civil de trois ans. Les manifestants portaient des pancartes avec des slogans hostiles à la France et à la CEDEAO.
Le 30 juillet 2023, une manifestation qui avait rassemblé des milliers de personnes devant l'ambassade de France, à Niamey, a été dispersée par des soldats. Ces derniers ont fait usage de gaz lacrymogènes lorsque certains manifestants ont tenté de pénétrer dans le siège de la représentation diplomatique.