Contexte
Les prochaines élections présidentielles de Djibouti devraient se tenir en avril 2021 et le président Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, devrait renouveler son leadership lors d'un cinquième mandat. Le régime actuel a constamment utilisé des tactiques oppressives afin de réprimer l'opposition et la contestation. Jusqu'à présent le pays a peu attiré l’attention internationale et n'a pas subi de pressions pour la tenue d'élections libres et équitables. La situation stratégique du pays dans la Corne de l'Afrique et la présence de bases navales de la Chine, de la France, des États-Unis, de l'Espagne et du Japon protège le Djibouti de vives critiques bilatérales ou multilatérales sur son bilan en matière de droits de l'homme.
Le 14 janvier 2021 on a signalé la mort d'au moins deux personnes lors d’affrontements entre un groupe armé et l'armée djiboutienne dans le nord-est du pays. Le Front pour la restauration de l'unité et de la démocratie (FRUD) aurait lancé des attaques contre plusieurs sites différents, dont un camp militaire. Le FRUD est une faction radicale du nord du Djibouti qui s'oppose à la réélection du président Guelleh.
La situation stratégique du Djibouti fait du pays un couloir pour les migrants africains qui espèrent atteindre les pays du Golfe en quête de travail. Le détroit de Bab-el-Mandeb, entre Djibouti et le Yémen, est dangereux et les naufrages sont fréquents. Le 5 octobre 2020 douze migrants éthiopiens ont été retrouvés morts sur une plage de la ville côtière d'Obock, tandis que 34 autres ont survécu mais ont subi des blessures. Cette tragédie est survenue seulement douze jours après que huit migrants ont été tués et plusieurs autres blessés par des passeurs dans la même zone.
D'autre part, le 17 novembre 2020 le ministère des Affaires étrangères de Djibouti a exprimé son soutien au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui fait face à la perspective d'une guerre civile après avoir lancé une opération armée contre le puissant TPLF dans la région du Tigré.
Liberté d'expression
Le 16 novembre 2020 Reporters sans frontières (RSF) a annoncé avoir nominé La Voix de Djibouti, dernière source d'information indépendante djiboutienne, à son prix annuel de la liberté de la presse, le « Prix du courage ». Ce média fonctionne depuis la France et il est fréquemment bloqué par les autorités djiboutiennes. Lors des rares manifestations de juin et juillet 2020, les journalistes ont été systématiquement pris pour cible en raison de leur couverture médiatique. D'ailleurs, plusieurs journalistes de La Voix de Djibouti ont été arrêtés ou ont été forcés à se cacher, comme nous l'avons signalé sur le Monitor.
Cependant, dans une interview au magazine Jeune Afrique publiée le 23 novembre 2020, le président Guelleh a fait des commentaires incendiaires et inexacts sur le média. Ces critiques contre La Voix de Djibouti et la presse en général soulèvent des inquiétudes quant aux conséquences que cela pourrait avoir pour La Voix de Djibouti et pour ses journalistes. Malgré des demandes répétées, La Voix de Djibouti est dépourvue de licence depuis 2015.