[#Communiqué conjoint: https://t.co/o2KmXar5Ll]
— Tournons La Page (@TournonsLaPage) June 14, 2023
🇬🇳#Guinée : Acquittement d’Oumar Sylla, alias @FONIKEMENGUE et @DialloIbrem dans un contexte toujours délétère pour la société civile. Avec @OBS_defenders et @AEDHmonde, nous appelons la #junte militaire à garantir l’indépendance de… pic.twitter.com/qEH29KsClY
Liberté d'association
Des défenseurs des droits humains pro-démocratie acquittés, mais toujours harcelés
Le 13 juin 2023, le tribunal de première instance de Dixinn a acquitté les défenseurs des droits humains Oumar Sylla, coordinateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), et Ibrahima Diallo, coordinateur des opérations du FNDC et coordinateur du mouvement pro-démocratique Tournons la page Guinée (TLP-Guinée). Tous deux étaient poursuivis pour divers chefs d'accusation, notamment participation à un rassemblement interdit, destruction de biens publics et privés, et coups et blessures volontaires. Comme nous l'avons signalé sur le Monitor CIVICUS, les deux militants, ainsi que Saïkou Yaya Barry, secrétaire exécutif du parti politique Union des forces républicaines, ont été arrêtés le 30 juillet 2022 à la suite des manifestations du FNDC les 28 et 29 juillet 2022, organisées afin de réclamer plus de transparence dans la transition vers un régime civil. Plusieurs personnes ont péri durant ces mobilisations. Le procureur de la République a fait appel de la décision du tribunal.
Sylla et Diallo, ainsi que le militant Mamadou Billo Bah, avaient été libérés de prison le 10 mai 2023. Comme nous l'avons signalé sur le Monitor CIVICUS, Billo, responsable de la mobilisation chez le FNDC et membre de TLP-Guinée, avait été arrêté violemment le 21 janvier 2023 à Conakry. Il a été détenu au secret pendant deux jours sans avoir accès à un avocat. Ensuite, il a été conduit à l'hôpital à cause des mauvais traitements qu'il a subis aux mains des forces de sécurité.
🇬🇳#Guinée: @TournonsLaPage & @OBS_defenders apportent leur soutien à @DialloIbrem, empêché de quitter le territoire guinéen sans qu’aucune décision de justice ne le justifie.
— The Observatory (@OBS_defenders) July 27, 2023
📣 Nous exigeons que cesse ce harcèlement judiciaire et policier!
👉https://t.co/j9GnjqXbNN pic.twitter.com/VnILIUQrO8
Bien qu'Oumar Sylla et Ibrahima Diallo aient été acquittés, ils font toujours l'objet d'actes d'intimidation et de harcèlement. Par exemple, on a empêché Diallo de quitter le territoire guinéen à deux reprises sans qu’aucune décision de justice ne le justifie. D'abord, le 1ᵉʳ juin 2023, quand il cherchait à se rendre au forum international sur l'espace civique organisé par Tournons la page Niger à Niamey. Puis, le 24 juillet 2023, à l'aéroport, des agents de la police aux frontières l'ont empêché de prendre son vol vers la France, où il devait participer à l'Université d'été des mouvements sociaux et des solidarités (UEMSS). Par ailleurs, près d'un millier d'exemplaires de Débout pour la patrie, une autobiographie dans laquelle Sylla décrit son parcours de militant, a été confisqué par les douanes guinéennes à son arrivée depuis Dakar, Sénégal. La direction générale des douanes a justifié la mesure en affirmant que l'introduction de ces copies viole les articles 56a et 56b du Code des douanes, qui interdisent « les marchandises dont l’importation est interdite pour des raisons d'ordre public et de sécurité publique ».
Liberté de réunion pacifique
Plusieurs morts lors des manifestations contre la junte militaire
Le 10 mai 2023, des manifestations antigouvernementales et des affrontements ont eu lieu à Conakry et dans les environs. Les manifestations avaient été temporairement suspendues pour donner une chance aux efforts de médiation des chefs religieux. Le 28 avril 2023, Forces vives de Guinée, une coalition des principaux partis d'opposition, syndicats et organisations de la société civile, s'est retirée de ce qu'elle a qualifié de consultations « improductives » et a repris les manifestations dans les rues pour exiger l'ouverture d'un dialogue crédible en vue d'un retour rapide à un régime civil. Elle réclame également la levée de l'interdiction générale de toutes les manifestations, décrétée par la junte militaire en mai 2022, et la libération de ses membres emprisonnés (voir Liberté d'association).
Des vidéos montrent des manifestants en train d'ériger des barricades et de jeter des pierres sur les forces de sécurité, ces dernières ont répondu au moyen de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. D'après la coalition Forces vives de Guinée, organisatrice des manifestations, 7 personnes ont été tuées par balle, 32 ont été blessées et 56 ont été arrêtées. Des manifestations pour exiger le retour à un régime civil ont aussi eu lieu à Labé et à Nzérékoré.
Les autorités militaires de la transition ont déployé l'armée à Conakry et dans les environs à l'approche de nouvelles manifestations convoquées par la coalition Forces vives les 17 et 18 mai 2023. En outre, les autorités militaires ont menacé d'appliquer les lois antiterroristes aux organisateurs de manifestations et aux manifestants. Cette législation prévoit une peine d'emprisonnement à vie pour quiconque commet un acte mettant en danger la vie ou les libertés d'autrui avec l'intention « d'intimider, de provoquer une situation de terreur ou de créer un sentiment d'insécurité au sein des populations », d'exercer des pressions sur l'État ou de créer « une situation de crise au sein des populations ». De plus, le 17 mai 2023, l'accès aux réseaux sociaux a été restreint, tandis que les émetteurs du groupe de médias Afric Vision ont été démantelés et son matériel a été saisi (voir Liberté d'expression).
De nombreux sites d'info suivent le mot d'ordre de la "Journée sans presse" en #Guinée pour protester contre les accès restreints aux sites d'info, réseaux sociaux, services de messagerie et brouillage du signal FM de certaines radios. pic.twitter.com/RK29H746hg
— Sidy Yansané (@SidyYansane) May 23, 2023
Liberté d'expression
Journée sans presse : les organisations de médias protestent contre la censure et l’explosion des violations de la liberté de la presse sous la junte militaire
Le 23 mai 2023, des organisations de presse représentant les médias publics et privés —imprimés et numérique — ont organisé une journée sans presse pour protester contre une série de violations récentes de la liberté de la presse, notamment des coupures des réseaux sociaux, des restrictions d'accès aux médias en ligne, des intimidations, et la confiscation d'équipements par les autorités militaires de la transition en réponse aux manifestations politiques convoquées par Forces vives de Guinée contre les autorités militaires de la transition (voir Réunion pacifique).
⚠️ Confirmed: Live metrics show multiple social media platforms including Facebook, WhatsApp, Instagram have been restricted in the Republic of Guinea; the incident comes as authorities call in the army to deal with protests amid unrest
— NetBlocks (@netblocks) May 17, 2023
📰 Report: https://t.co/5srJvq3asc pic.twitter.com/s2zuao6zra
Restriction de l'accès aux radios, aux réseaux sociaux et aux sites d'information
L'accès aux réseaux sociaux et aux services de messagerie a été restreint 17 mai 2023, la veille d'une manifestation de deux jours contre la junte militaire. Les données en temps réel sur l'état du réseau informatique fournies par NetBlocks et les tests effectués par l'Association guinéenne des blogueurs (ABLOGUI) ont montré que les premiers affectés avaient été Facebook, Messenger, YouTube, WhatsApp, Instagram et TikTok sur les réseaux de MTN et Orange, deux des principaux fournisseurs d'Internet de Guinée. Le signal de FIM FM 95.3 à Conakry, ainsi que celui d'autres radios a été interrompu ou brouillé.
En outre, depuis le 9 mai 2023, certains sites d'information ne sont pas accessibles aux utilisateurs qui se trouvent en Guinée, comme par exemple Guineematin.com, Mediaguinee.com et Mosaiqueguinee.com.
Confiscation des équipements des médias
Le 17 mai 2023, des gendarmes se réclamant de l’Autorité de régulation des postes et des télécommunications (ARPT) ont démonté les émetteurs et confisqué les équipements du groupe de médias indépendants Afric Vision, dont Love FM et Sabari FM font partie.
Le ministre des télécommunications menace les médias
Le 18 mai 2023, le ministre guinéen des Postes et Télécommunications, Ousmane Gaoual Diallo, a menacé de fermeture « tout média, qu’il soit une radio, une télévision ou encore un journal ou site Internet [tenant] des propos de nature à saper l’unité nationale, à attiser la haine entre les communautés ou à soulever les uns contre les autres pour conduire à des drames dans notre pays ». Par la même occasion, il a rappelé aux propriétaires des médias que « moins de 2 % » de leurs sociétés étaient à jour des paiements des redevances publiques, ce qui laisse entendre que les médias pourraient être attaqués par ce biais.
Il a nié que les autorités soient responsables des restrictions sur l’accès à Internet et les a attribuées à un problème technique lié au câble sous-marin qui connecte le pays au web. Il a également nié la participation du gouvernement dans la confiscation des équipements d’Afric Vision.
Le 22 mai 2023, lors d’une réunion d’urgence, les associations de médias ont qualifié Diallo d’« ennemi de la presse ».
Des journalistes font l’objet de violences physiques et d’intimidations
Reporters sans frontières (RSF) a signalé que plusieurs journalistes ont subi des agressions et des intimidations dans le cadre des manifestations contre la junte militaire en mai 2023 :
- Le 17 mai, les journalistes Aliou Maci Diallo de Guinée Info et Mamadou Macka Diallo de Guinée 114 ont été arrêtés par des militaires à Bambéto, Conakry, alors qu’ils faisaient un reportage à moto. D’abord, ils leur ont demandé ce qu’ils faisaient, puis l’un des soldats a commencé les insulter, les menacer et les agresser. Aliou Maci Diallo a reçu de violents coups à la tête.
- Le 9 mai 2023, le journaliste du site d’informations indépendant Le Courrier de Conakry, Ibrahima Foulamory Bah, a été arrêté violemment par des membres de la garde présidentielle postés devant le bureau du premier ministre, alors qu’il couvrait une manifestation. Ils ont fouillé son téléphone et l’ont photographié avant de le libérer.
- Les 17 et 18 mai 2023, la Haute autorité de la communication (HAC) a convoqué les équipes de l’émission Mirador de FIM FM et de l’émission On refait le monde de Djoma FM. Ces deux émissions avaient fait des commentaires sur les manifestations. Les équipes ont été réprimandées en raison du « ton » employé dans leurs émissions.