🇹🇬#Togo: @OBS_defenders condamne l’arrestation arbitraire de 2 membres du @CACITOGO2 alors qu'ils étaient en mission
— The Observatory (@OBS_defenders) May 4, 2020
📣Nous appelons les autorités togolaises à cesser tout acte de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits humains!@FEGnassingbehttps://t.co/82zqWcKCKk pic.twitter.com/gT03Q26wIR
Liberté d'association
Brève détention de deux défenseurs des droits de l'homme et d'un journaliste alors qu'ils couvraient et supervisaient l'arrestation d'un chef de l'opposition
Le 21 avril 2020 des agents de sécurité ont arrêté deux membres du réseau des droits de l'homme Collectif des associations contre l'impunité au Togo (CACIT) à proximité de la résidence du chef de l'opposition Agbéyomé Kodjo à Lomé. Les deux défenseurs des droits de l’homme — Kossi Béni Okouto et Degboe Mawuena Doudji — étaient en mission pour observer le respect des droits de l'homme lors de l'arrestation du chef de l'opposition Agbéyomé Kodjo. Selon la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), Okouto et Doudji auraient été interceptés par des agents de sécurité et invités à prouver leur appartenance au CACIT. Ils ont ensuite été emmenés dans les bureaux des Service central de recherches et d'investigations criminelles (SCRIC) pour confirmer leur appartenance au CACIT. Une fois sur place ils ont été placés en garde à vue. Selon une déclaration conjointe souscrite par cinq groupesrégionaux, nationaux et internationaux des droits de l'homme, dont la Coalition togolaise des défenseurs des droits humains et le Réseau ouest africain des défenseurs des droits humains (ROADDH), le journaliste Teko-Ahatefou Aristo du site d'information Togo Actualités a été arrêté aux côtés d'Okouto et Doudji. Ils ont été remis en liberté le même jour au soir.
Le 20 avril 2020 les forces de sécurité ont encerclé la résidence d'Agbéyomé Kodjo, président du parti d'opposition Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) et ont procédé à son arrestation le lendemain. Kodjo, candidat à l'élection présidentielle de février 2020, a contesté les résultats officiels des élections et s'est ensuite déclaré président du Togo. Les autorités accusent Kodjo de porter atteinte à la sécurité intérieure de l'État, d'utiliser des insignes d'État, de perturber grièvement l'ordre public et de faire des dénonciations calomnieuses, entre autres. Il a été convoqué par le Service central des recherches et d'investigations criminelles (SCRIC) le 1er,le 9 et le 21 avril 2020 mais ne s'est pas présenté « pour desraisons de santé » selon ses avocats. On lui a ôté son immunité parlementaire en mars 2020. Agbéyomé Kodjo a été libérésous condition le 24 avril et placé sous contrôle judiciaire.
#Togo. La suspension d’un journal met la liberté d’expression à rude épreuve selon @AmnestyWARO https://t.co/gmzedURM9R
— Tournons la Page (@TournonsLaPage) April 1, 2020
Liberté d'expression
Des gaz lacrymogènes contre un groupe de journalistes
Selon la Fondation des médias pour l'Afrique de l'Ouest (MFWA), les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser un groupe de journalistes qui s'étaient rassemblés autour de la résidence du chef de l'opposition Agbéyomé Kodjo (cf. Liberté d'association) pour rendre compte de son arrestation imminente. Avant de recourir aux gaz lacrymogènes un officier de police aurait dit : « Messieurs, vous n’êtes pas invités à la fête ce matin. Cherchez un autre endroit et dégagez les lieux ». Le journaliste Teko-Ahatefou Aristo du site d'information Togo Actualités a été brièvement détenu et conduit aux Service central des recherches et d'investigations criminelles (cf. Liberté d'association).
Suspension de trois journaux
En mars 2020 la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC), le régulateur national des médias du Togo, a suspendu trois médias. Le bihebdomadaire L'Alternative et le quotidien Liberté ont été suspendus pendant deux mois et quinze jours respectivement, à compter du 23 mars. Cette sanction intervient à la suite d'une plainte de l'ambassadeur de France Marc Vizy qui reproche aux deux médias de porter des « accusations graves, infondées et calomnieuses » contre le gouvernement français. Cette plainte concerne les articles « Marc Vizy, l'autre ennemi de la démocratie au Togo », publié le 3 mars 2020 dans Liberté et « Françafrique et soutien aux dictateurs : Franck Paris, l'intrigant », publié le 20 février 2020 dans L'Alternative. Ce dernier article accusait la France et le conseiller Afrique du président français Emmanuel Macron de soutenir les dictateurs du continent. La HAAC aurait affirmé que les deux médias n'ont pas « respecté les règles professionnelles, violant de ce fait les dispositions du Code de déontologie des journalistes du Togo ».
La HAAC a en outre suspendu l'hebdomadaire Fraternité pour une période de deux mois, à compter du 1er avril 2020, pour un article publié le 25 mars 2020 dénonçant la décision de la HAAC de suspendre les médias L'Alternative et Liberté en la qualifiant de « excessivement zélé ».
Angela Quintal du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) affirme :
« La suspension de Fraternité, de Liberté et de L’Alternative pour leur couverture critique des autorités françaises et togolaises est extrêmement irresponsable vis-à-vis de la crise de santé publique à laquelle le pays est confronté. L’ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy, devrait retirer sa plainte contre les deux journaux afin d’encourager tout soutien à la liberté de la presse, plutôt que le contraire. »