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L'espace civique continue de se détériorer sous le régime militaire

DATE POSTED : 15.07.2025

En arrière-plan, le général Abdourahamane Tiani salue les milliers de personnes réunies dans le plus grand stade de Niamey pour le lancement des festivités à l'occasion du premier anniversaire de son accession au pouvoir, le 26 juillet 2024.
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Contexte

Transition vers un régime civil

Depuis le coup d'État militaire du 26 juillet 2023, les actions des groupes djihadistes ont considérablement aggravé la situation du pays, tandis que les autorités n'ont pas cessé de s'attaquer aux droits de l'homme et à l'activisme de la société civile.

En mars 2025, Amnesty International a publié un rapport sur le Niger dans lequel l'organisation fait état d'une détérioration significative de l'espace civique et de violations généralisées des droits civils et politiques depuis la prise de pouvoir par les militaires. Le document met en lumière les restrictions sévères imposées aux libertés civiques ainsi que les atteintes systématiques perpétrées par les autorités contre l'État de droit dans le but de réprimer la société civile. Cette répression prend la forme de détentions illégales, de disparitions forcées et de poursuites judiciaires à l'encontre de militants et d'opposants, souvent menées en violation des droits de l'homme et des garanties judiciaires. Le rapport fait également état d'attaques contre des journalistes et des organisations de médias, dont la BBC et la Maison de la presse, ainsi que de la persécution constante des militants prodémocratie et de la suspension des partis politiques. Ce rapport dresse un tableau sombre de l'état de l'espace civique au Niger qui illustre les efforts de la junte pour étouffer la contestation et limiter les libertés démocratiques.

En parallèle, la situation sécuritaire continue de se dégrader sous le régime militaire. Banibangou, une ville située dans la région de Tillabéri, au carrefour des frontières du Niger, du Mali et du Burkina Faso, est devenue un refuge pour des factions djihadistes liées à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique. Le 19 juin 2025, cette localité a subi l'attaque brutale d'un groupe de plusieurs centaines de mercenaires durant laquelle 34 soldats ont perdu la vie, un exemple flagrant, parmi d'autres, de la manière dont la fragilité de la situation sécuritaire continue d'entraver l'activisme pacifique de la société civile.

Le 26 mars 2025, le gouvernement de la transition a dévoilé un programme politique de cinq ans pour le retour à un régime civil, à la suite des recommandations issues d'une consultation nationale en février de la même année. Dans ce cadre, le général Abdourahamane Tiani a été désigné de facto chef de l'État durant la période de transition, et lui ainsi que d'autres membres du régime militaire ont été autorisés à participer à de futures élections. Cette décision est le fruit d'un rapport du Conseil national, qui intègre les recommandations de la Conférence nationale de février 2025, qui a rassemblé plus de 700 délégués, mais qui a été largement boycottée par l'opposition politique et les groupes de la société civile. C'est à cette occasion qu'une période de transition de cinq ans a été suggérée. Le président Tiani a ensuite promulgué la Charte de la refondation, qui définit les règles de la transition et prolonge effectivement la période de transition de cinq ans.

Un conseil consultatif de la transition a été mis en place le 28 juin 2025. Il s'agit d'un parlement transitoire qui remplacera l'Assemblée nationale, dissoute et suspendue pendant cinq ans. Composé de 194 membres désignés, le Conseil consultatif pour la refondation(CCR) aura pour mission de conseiller le régime militaire sur les questions nationales.

Liberté d'expression

Trois journalistes arrêtés et poursuivis pour avoir dénoncé la fin de la coopération militaire avec la Russie

Le 7 mai 2025, à Agadez, les forces de l'ordre ont arrêté trois journalistes de la station de radio privée Sahara FM, située dans le nord du pays. Il s'agit d'Hamid Mahmoud, rédacteur en chef par intérim, Mahaman Sani, présentateur du journal, et Massaouda Jaharou. Ils ont été appréhendés après avoir informé de la rupture présumée de la coopération militaire entre le Niger et la Russie. Le 9 mai 2025, ils ont comparu devant un juge qui a ordonné leur libération. Ils ont toutefois été arrêtés de nouveau le soir même et placés en détention. Le 14 mai 2025, la gendarmerie d'Agadez a transféré les trois journalistes à la Brigade de recherches de la Gendarmerie à la prison de Niamey. Le 13 juin 2025, à la suite d'une décision du tribunal militaire, Hamid Mahmoud et Mahaman Sani ont été placés en détention provisoire pour conspiration contre les autorités de l'État et ont été transférés à la prison de Kollo, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Niamey. Massaouda Jaharou a quant à elle été libérée sous caution. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé les autorités nigériennes à libérer les trois journalistes.

La diffamation et les insultes par voie électronique de nouveau pénalisés

Le 7 juin 2024, le chef militaire du Niger, Abdourahamane Tiani, a signé une ordonnance qui modifie la législation sur la répression de la cybercriminalité. Cette nouvelle norme rétablit les sanctions pénales pour les personnes reconnues coupables d'infractions en lien avec les moyens de communication numériques. Elle prévoit des peines de un à trois ans de prison et des amendes pouvant aller jusqu'à cinq millions de francs CFA (environ 8 645 USD) pour les actes de diffamation et les insultes par voie électronique. Elle prévoit également des peines plus sévères, allant de deux à cinq ans de prison, et des amendes d'un montant similaire, pour la diffusion d'informations susceptibles de troubler l'ordre public ou de porter atteinte à la dignité humaine, même si elles sont avérées. Comme nous l'avons signalé, en avril 2022, le Conseil des ministres de l'époque avait approuvé des modifications de la même loi qui ont dépénalisé la diffamation et les insultes en ligne. Reporters sans frontières (RSF), le Réseau des journalistes pour les droits de l'homme (RJDH) ainsi que d'autres organisations de défense de la liberté de la presse ont exprimé leur inquiétude et leur crainte que ces changements ne mènent à l'emprisonnement et à la censure des journalistes. La Fondation pour l'Afrique de l'Ouest (MFWA) a appelé le gouvernement à abroger la nouvelle ordonnance.

La junte a suspendu la BBC, accusée de désinformation

Le 12 décembre 2024, le ministre de la Communication, Raliou Sidi Mohamed, a ordonné la suspension de la BBC pour une durée de trois mois. Cette décision fait suite aux accusations de la junte, qui affirme que la BBC a diffusé des informations erronées qui constituent une menace pour la stabilité sociale et minent le moral des troupes engagées dans la lutte contre les groupes djihadistes. La suspension est intervenue à la suite de la couverture des attaques terroristes djihadistes survenues le 10 décembre 2024 dans la région de Tillabéri, qui auraient coûté la vie à des soldats et à des civils. Le lendemain, le site web en langue haoussa du radiodiffuseur britannique a signalé que des hommes armés avaient tué plus de 90 soldats nigériens et plus de 40 civils dans deux villages situés près de la frontière avec le Burkina Faso. Les autorités militaires ont rejeté ces affirmations, qu'elles ont jugées infondées et trompeuses, et ont accusé les journalistes de promouvoir le terrorisme par le biais de leurs échanges avec des individus considérés comme responsables de menaces pour la sécurité en Afrique de l'Ouest. Cette décision a entraîné la suspension de programmes populaires, notamment des émissions en langue haoussa relayées par des radios locales et suivies par environ 2,4 millions de personnes dans le pays. Malgré la suspension, la BBC a réaffirmé son engagement à fournir des informations fiables à son public du Sahel, en toute liberté.

Le gouvernement revient sur la censure des médias et la détention d'un journaliste

Le 17 janvier 2025, le ministre de la Communication, Raliou Sidi Mohamed, a imposé une suspension d'un mois à la chaîne de télévision privée Canal 3 et de trois mois à son rédacteur en chef. Cette mesure a été prise à la suite de la diffusion d'un baromètre annuel sur la performance des ministres du gouvernement. Le 20 janvier 2025, le ministre de la Communication a annulé les sanctions à l'encontre de la chaîne, et son rédacteur en chef, Seyni Amadou, détenu par la police le 18 janvier 2025, a également été libéré. D'après l'avocat de Seyni Amadou, ce dernier était accusé de « diffusion de données de nature à troubler l'ordre public, atteinte à la sûreté de l'État et jet de discrédit sur les institutions de la République ».

LIBERTÉ D'ASSOCIATION

Un militant de la société civile arrêté arbitrairement et détenu illégalement sans procès

Le 3 décembre 2024, à Niamey, des hommes qui se sont présentés comme des policiers, mais qui seraient des agents de l'État selon certaines informations, ont arrêté arbitrairement et mis en détention illégalement Moussa Tchangari, personnalité de la société civile et secrétaire général de l'OSC Alternative espaces citoyens, au cours d'une incursion dans son domicile. Le 3 janvier 2025, le tribunal de grande instance de Niamey a inculpé Tchangari d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, d'atteinte à la défense nationale et de complot contre l'autorité de l'État. Il a été transféré à la prison de Filingué, à 170 km de Niamey, et se trouvait toujours en détention provisoire sans procès au moment de la rédaction de cette mise à jour. (A PARTIR DE LA J’AI REECRIT) Plusieurs facteurs auraient conduit aux accusations portées contre lui par le régime actuel, notamment sa position critique, la réunion du 28 novembre de son organisation à propos du décret du 10 octobre visant certains citoyens, sa critique de la décision du 12 novembre de retirer les licences des ONG, la création, le 27 août, d'une base de données sur le terrorisme, ainsi que ses préoccupations passées concernant les arrestations arbitraires.

Ses prises de position critique ― notamment la réunion tenue par son organisation le 28 novembre à propos du décret du 10 octobre visant certains citoyens, sa critique de la décision, le 12 novembre, de retirer les licences des ONG, et de la création, le 27 août, d'une base de données sur le terrorisme, ainsi que ses préoccupations passées concernant les arrestations arbitraires ― auraient conduit, entre autres facteurs, aux accusations portées contre lui par le régime actuel.

Dissolution des partis politiques

Le 26 mars 2025, à Niamey, le président de la République, le général d'armée Abdourahamane Tiani, a signé une ordonnance de dissolution des partis politiques. Cette décision a été prise à la suite d'une recommandation de la Conférence nationale, qui préconisait à la fois la dissolution des partis politiques et la prolongation de la période de transition.

Expulsion de l'organisation humanitaire française CICR

Le 31 mai 2025, le gouvernement nigérien, par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, a ordonné l'expulsion du pays du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qu'il accuse de « collusion » avec des groupes armés. Le CICR a réfuté ces allégations. En novembre 2024, les autorités nigériennes avaient critiqué l'octroi par l'Union européenne d'aide humanitaire à des ONG, dont le CICR, qu’elles accusent d'agir de manière unilatérale, sans concertation ni transparence. D'après des sources, le CICR aurait enfreint certains accords conclus avec le pays hôte, ce qui aurait conduit à son expulsion. L'organisation a officiellement fermé ses bureaux et quitté le pays le 5 juin 2025. Le gouvernement n'a pas fourni d'explication officielle à cette expulsion.

Les ONG ACTED et APBE se voient retirer leurs autorisations

Le 12 novembre 2024, le ministre de l'Intérieur, le général Mohamed Toumba, a retiré l'autorisation d’exercer aux ONG ACTED (Agence d'aide à la coopération et au développement) et APBE (Action pour le bien-être) par la voie des arrêtés n° 01208 et n° 01209. Bien que les raisons n'aient pas été précisés officiellement, des sources ont évoqué des questions liées à la sécurité nationale et au respect des réglementations existantes, censées améliorer la gouvernance et protéger les intérêts nationaux.

Civic Space Developments
Country
Niger
Country rating
Repressed
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Tags
attack on HRD,  CSO closure,  release of HRDs,  HRD detained,  criminal defamation,  censorship,  journalist detained, 
Date Posted

15.07.2025

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