Suspension de la diffusion de la chaîne Canal+ Elles au Cameroun https://t.co/gudEh97OQP #Cameroun pic.twitter.com/PuBysnpQLi
— AllAfrica Fr (@AllAfricafrench) September 25, 2023
Liberté d'expression
LE JOURNAL THE POST INTERDIT JUSQU'À NOUVEL ORDRE
Le 12 septembre 2023, Bernard Okalia Bilai, gouverneur de la région du Sud-Ouest, a pris un arrêté interdisant le journal The Post jusqu'à nouvel ordre pour « violation flagrante de la déontologie journalistique ». L'interdiction fait suite à la publication sur les réseaux sociaux de la une de l'édition de lundi du journal avec le titre « 66 % des Camerounais veulent un coup d'État militaire ». D'après le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), cette information provenait d'un article paru dans l'hebdomadaire panafricain The Continent, rédigé à partir d'une enquête du réseau de recherche africain Afrobarometer. Les rédacteurs en chef du Post ont retiré l'article avant qu'il ne soit imprimé et une nouvelle version, sans l'article, a été publiée, imprimée et distribuée. Dans un communiqué publié sur Facebook, The Post a précisé que l'édition, telle qu'elle est apparue sur les réseaux sociaux, n'avait pas encore été validée au moment où elle a été rendue publique.
Outre l'interdiction du journal dans la région du Sud-Ouest, The Post et son personnel ont fait face à des mesures de rétorsion :
- Le 14 septembre 2023, le Conseil national de la communication (CNC) a suspendu The Post et son éditeur, Yerima Kini Nsom, pour une période d'un mois pour la publication sur les réseaux sociaux d'un titre « porteur d'informations susceptibles d'ébranler la cohésion nationale et la paix sociale », selon le CPJ, qui a pu examiner la décision du CNC. L'annonce est intervenue après que des représentants du journal se sont présentés devant une commission d'enquête de la CCN.
- Selon le CPJ, qui s'est entretenu avec deux personnes proches du dossier, le comité du ministère de la Communication chargé du financement gouvernemental des médias privés a exclu The Post des bénéficiaires de la subvention annuelle accordée par l'organisme.
- Deux représentants du journal auraient été interrogés par le chef de la sécurité du gouverneur sur la source de leurs informations.
Les autorités locales et des médias ont également interrogé le partenaire camerounais d'Afrobarometer. Cependant, en déclarations au CPJ, la responsable de l'analyse d'Afrobarometer, Carolyn Logan, a expliqué que le titre ne reflète pas les conclusions de l'organisation.
Cameroon’s media regulator, the Conseil National de la Communication (CNC), has demanded that “Canal+ Elles”, the thematic channel owned by Canal+, be suspended because it aired programming that the regulator claimed encourages homosexuality.
— Broadcast Media Africa | Intelliengence & Networks (@BcastinAfrica) September 26, 2023
Read More: https://t.co/wLGSecyeBZ pic.twitter.com/myRB3S1Sbb
LE RÉGULATEUR DES MÉDIAS SUSPEND LA CHAÎNE CANAL+ ELLES POUR DIFFUSION DE « PRATIQUES OBSCÈNES À TENDANCE HOMOSEXUELLE »
Le 22 septembre 2023, le Conseil national de la communication (CNC) a décidé la suspension de la chaîne de télévision Canal+ Elles, filiale de Canal + International, accusée de diffuser des programmes « véhiculant des pratiques obscènes à tendance homosexuelle ». Le CNC a rappelé qu'elle avait déjà envoyé un avertissement à Canal + International le 12 juin 2023 et que les mesures « appropriées » accordées avec la CNC à la suite de l'avertissement n'ont pas été mises en œuvre.
Le 12 octobre 2023, le CNC a levé la suspension de Canal+ Elles après qu'elle s'est formellement engagée à mettre en place des mesures pour éviter la diffusion de « pratiques obscènes à tendance homosexuelle ».
#Cameroon authorities should immediately lift an indefinite ban against The Post newspaper in the Southwest Region and stop any retaliatory action against the privately owned media outlet and its staff - @pressfreedom https://t.co/GaZr1QI0or
— CPJ Africa (@CPJAfrica) September 15, 2023
CONVOCATION D'UN JOURNALISTE
D'après des informations reçues par le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC), le journaliste et chef de bureau du trihebdomadaire L'œil du Sahel, Bertrand Ayissi Ndzomo, a été cité à comparaître devant le bureau du gouverneur de la région de l'Adamaoua, Kiladi Taguiéké Boukar, le 12 septembre 2023. Il est accusé de « diffusion de fausses nouvelles » à cause d'un rapport d'enquête publié par Ndzomo sur le trafic d'organes humains dans la région. Selon la REDHAC, il a également fait l'objet de menaces.
Le ministre de l'Administration territoriale met en garde les professionnels des médias et demande aux gouverneurs de surveiller les activités des ONG et des médias
Le 17 juillet 2023, lors de la conférence semestrielle des gouverneurs de région à Yaoundé, le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a exhorté les responsables à surveiller de près les activités des médias, des ONG et des partis politiques. Il a ajouté que « les autorités administratives devront surveiller certains organes de presse privés qui organisent un débat unilatéral, destiné à discréditer l'action du gouvernement, à diviser les Camerounais et à briser la cohésion sociale, en encourageant le tribalisme et les discours de haine ». Par la suite, il a averti les professionnels des médias de « réfléchir à deux fois avant de publier ou de faire des déclarations publiques ».
Le Ministre des Affaires étrangères du Cameroun (Lejeune Mbella Mbella) s'oppose à ce que l'ambassadeur LGBT+ de la France vienne car "il n'est pas possible de parler des LGBT+ au Cameroun". pic.twitter.com/n0AXVsH7GP
— Le coin des LGBT+ (@lecoindeslgbt) June 20, 2023
Liberté d'association et de réunion pacifique
L'AMBASSADEUR FRANÇAIS POUR LES DROITS DES PERSONNES LGBTQI+ DÉCLARÉ « PERSONA NON GRATA » ; INTERDICTION DE LA CONFÉRENCE SUR LE GENRE ET L'ORIENTATION SEXUELLE
Une visite de l'ambassadeur français pour les droits des personnes LGBTQI+, Jean-Marc Berthon, prévue du 27 juin au 1ᵉʳ juillet 2023, a été annulée à cause de fortes objections des autorités camerounaises. Entre autres activités, le diplomate devait présider une conférence organisée par l'Institut français de Yaoundé sur les définitions du genre et de l'orientation sexuelle. Dans une lettre adressée à l'ambassade de France, le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, a rappelé que « la position du gouvernement sur la définition du genre, de l'orientation et de l'identité sexuelle est claire et dénuée de tout débat au Cameroun ». « Il n'est pas possible de parler des personnes LGBT au Cameroun », a-t-il souligné, d'autant que le « fait est qualifié de crime de droit commun ». Par ailleurs, le ministre a exprimé son opposition à l'organisation de la conférence dans une lettre adressée au ministre de l'Administration territoriale, Atanga Nji.
À la suite de l'annonce de la visite de Berthon, des messages haineux et des appels à la justice populaire et à la violence contre les personnes LGBTQI+ ont fait surface sur les réseaux sociaux au Cameroun, notamment de la part de certains représentants du gouvernement et d'autres personnalités publiques.
Cameroun: une manifestation pour dénoncer le meurtre de dix personnes à Bamenda https://t.co/77LZF2GvVm pic.twitter.com/CvwWd4R6vp
— RFI (@RFI) July 21, 2023
MANIFESTATION CONTRE L'ASSASSINAT DE CIVILS
Le 20 juillet 2023, des centaines de personnes se sont rassemblées à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest, pour appeler à la fin des violences dans les régions anglophones. La manifestation a été organisée en réponse à l'assassinat de dix personnes par des hommes non identifiés qui ont ouvert le feu dans le quartier de Nacho, à Bamenda, la capitale de la région du Nord-Ouest, dans la nuit du 16 au 17 juillet 2023.