Mali Watchlist 2024

PRESS RELEASE

Mali added to human rights Watchlist as military junta suspends all ‘political activities’ of opposition and associations

10 July 2024

  • Elections and return to civilian rule postponed for several years
  • Political and civil society groups dissolved
  • Critics detained and prosecuted

[Johannesburg] Mali has been added to a watchlist of countries experiencing a rapid decline in civic freedoms as the junta continues to crack down on peaceful dissent, the political opposition and the media.

The new watchlist is released by the CIVICUS Monitor, an online platform that tracks the latest developments to civic freedoms, including the freedoms of expression, association and peaceful assembly, across 198 countries and territories. Other countries included on the list are El Salvador, Kyrgyzstan, Palestine and Thailand.

Since Mali’s military coups in August 2020 and May 2021, space for civil society and political space in Mali has been shrinking. The past few months saw increasing censorship and a crackdown on critics, in particular those calling for an end to military rule and a return to constitutional order. On 10 April 2024, Mali’s Council of Minister adopted a decree suspending the activities of political parties and activities ‘of a political nature’ of civil society organisations until further notice. These measures were instituted on grounds of preserving and seemingly in response to a call on 31st March 2024, by more than 80 Malian political parties and CSOs, to organise elections and return to civilian rule. In September 2023, the transitional military authorities postponed the elections citing ‘technical reasons’ for the delay.

“The Malian military authorities have increasingly cracked down on peaceful dissent, especially in the context of the end of the transitional period which was supposed to see elections in February 2024 and bring civilian rule from 26th March 2024” said Ine Van Severen, civic space researcher for the CIVICUS Monitor. “A blanket ban on activities of political parties and ‘political’ activities of civil society associations is a serious assault on fundamental freedoms”.

The CIVICUS Monitor currently rates Mali’s civic space as “repressed.” A repressed rating means fundamental freedoms are routinely violated and space for civil society is significantly constrained.

Between December 2023 and May 2024, military authorities dissolved at least five movements, associations or political groupings, often seemingly due to their criticism, including calls for the organisation of elections and a return to civilian rule. In December 2023, the CSO Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance (Elections and Good Governance Observatory) was dissolved. In April 2024, the Council of Ministers dissolved the Coordination des organisations de l’appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali (Coordination of the Appeal of 20th February 2023 to Save Mali), a platform of political opposition parties and civil society organisations who have been advocating for a return to constitutional order.

In addition, several activists, including religious leaders, have been arbitrarily detained and prosecuted for criticising the military junta. In May 2024, activist and university professor Etienne Fakaba Sissoko was sentenced to two years in prison, of which one year was suspended, and also given a hefty fine for the publication of a book commenting on the alleged use of propaganda by the Malian military authorities.

“The arbitrary arrest and prosecution of those criticising the military authorities has a chilling effect on fundamental freedoms, including freedom of expression, said Van Severen. The climate has led to increased self-censorship among civic, and media actors.”

Furthermore, Mali’s national media regulator, HAC, regularly suspends media outlets, often for reporting on or commenting on the security situation in Mali. In February 2024, HAC suspended France 2, French public TV channel, on accusations of ‘glorifying terrorism’ by ‘contrasting the firepower of armed terrorist groups’ with that of the Malian army in a report by France 2 of the security situation in Mali. In April 2024, the HAC invited all media to stop broadcasting and publishing the activities of political parties and associations.

About the CIVICUS Monitor

Over twenty organisations collaborate on the CIVICUS Monitor to provide an evidence base for action to improve civic space on all continents. Civic freedoms in 198 countries and territories are categorised as either ‘closed,’ ‘repressed,’ ‘obstructed,’ ‘narrowed’ or ‘open,’ based on a methodology that combines several data sources on the freedoms of association, peaceful assembly and expression.

Mali is currently rated ‘Repressed’ by the CIVICUS Monitor. There are a total of 50 countries in the world with this rating (see all). This rating is typically given to countries where civic space is heavily contested by power holders, who impose a combination of legal and practical constraints on the full enjoyment of fundamental rights (see the full description of ratings).

For more information or to arrange an interview, please contact: media@civicus.org


Communiqué de presse

Le Mali est placé dans une liste de surveillance des droits de l'homme alors que la junte militaire suspend toutes les « activités politiques » de l'opposition et des associations

LE 10 JUILLET 2024

  • Les élections et le retour à un régime civil sont reportés de plusieurs années
  • Des formations politiques et de la société civile ont été dissoutes
  • Des détracteurs ont été arrêtés et font face à des poursuites

[Johannesburg] Le Mali vient d'être inscrit dans une liste de surveillance qui recense les pays connaissant un déclin rapide des libertés civiques, alors que la junte continue de réprimer les médias, la contestation pacifique et l'opposition politique.

La nouvelle liste de surveillance vient d'être publiée par CIVICUS Monitor, une plate-forme en ligne qui suit les derniers développements concernant les libertés civiques dans 197 pays et territoires, notamment la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique. Les autres pays figurant sur la liste sont El Salvador, le Kirghizstan, la Palestine et la Thaïlande.

Depuis les coups d'État militaires d'août 2020 et de mai 2021, l'espace politique et l'espace de la société civile ont rétréci au Mali. Les derniers mois, la censure s'est intensifiée et les détracteurs ont été réprimés, en particulier ceux qui réclamaient la fin du régime militaire et le retour à l'ordre constitutionnel. Le 10 avril 2024, le Conseil des ministres du Mali a adopté un décret qui suspend les activités des partis politiques et les activités « à caractère politique » des organisations de la société civile jusqu'à nouvel ordre. Ces mesures ont été instituées pour préserver l'ordre public, vraisemblablement en réponse à l'appel lancé le 31 mars 2024 par plus de 80 partis politiques et organisations de la société civile maliens en faveur de la tenue d'élections et du retour à un régime civil. En septembre 2023, les autorités militaires de transition ont décidé de reporter les élections pour des « raisons techniques ».

« Les autorités militaires maliennes ont continué d'intensifier la répression de la contestation pacifique, en particulier dans le cadre de la fin de la période de transition, qui devait s'achever par la tenue des élections en février 2024 et le retour à un régime civil à partir du 26 mars 2024 », explique Ine Van Severen, chercheuse sur l'espace civique chez CIVICUS Monitor. « L'interdiction totale des activités des partis politiques et des activités “ politiques ” des associations de la société civile constitue une atteinte grave aux libertés fondamentales ».

À présent, CIVICUS Monitor classe l'espace civique du Mali comme « réprimé ». Ceci signifie que les libertés fondamentales sont violées régulièrement et que l'espace de la société civile est considérablement réduit.

De décembre 2023 à mai 2024, les autorités militaires ont dissous au moins cinq mouvements, associations ou regroupements politiques ; certains d'entre eux ont vraisemblablement été dissous à cause de leurs critiques, notamment des appels à l'organisation d'élections et au retour à un régime civil. L'OSC Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance a été dissoute en décembre 2023. En avril 2024, le Conseil des ministres a dissous la Coordination des organisations de l'Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali, un groupement de partis politiques d'opposition et d'organisations de la société civile qui revendiquait le retour à l'ordre constitutionnel.

En outre, plusieurs militants, y compris des chefs religieux, ont été détenus de façon arbitraire et poursuivis pour avoir critiqué la junte. En mai 2024, le militant et universitaire Etienne Fakaba Sissoko a été condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis, ainsi qu'à une lourde amende pour la publication d'un livre dans lequel il avait commenté l'usage présumé de propagande par les autorités militaires maliennes.

«Les arrestations et les poursuites arbitraires contre ceux qui critiquent les autorités militaires ont un effet dissuasif sur l'exercice des libertés fondamentales, notamment sur la liberté d'expression, explique Ine Van Severen. Cela a conduit à l'accroissement de l'autocensure parmi les médias et les acteurs de la société civile».

De plus, l'Autorité nationale de régulation des médias du Mali (HAC) suspend régulièrement des médias, souvent pour des reportages ou des commentaires sur la situation sécuritaire dans le pays. En février 2024, la HAC a suspendu France 2, une chaîne de télévision publique française, accusée de se livrer à « une apologie du terrorisme » en « opposant la puissance de feu des groupes terroristes armés » à celle de l'armée malienne dans un reportage de France 2 sur la situation sécuritaire au Mali. En avril 2024, la HAC a invité tous les médias à cesser de diffuser et de publier les activités des partis politiques et des associations.

À propos de CIVICUS Monitor

Plus d'une vingtaine d'organisations collaborent au sein de CIVICUS Monitor afin de fournir une base empirique pour des actions visant à améliorer l'état de l'espace civique sur tous les continents. Les libertés civiques de 198 pays et territoires ont été classées dans une des cinq catégories disponibles, soit fermé, réprimé, entravé, rétréci ou ouvert, selon une méthodologie qui combine plusieurs sources de données sur les libertés d'association, de réunion pacifique et d'expression.

À présent, CIVICUS Monitor classe l'espace civique du Mali comme « réprimé ». Au total, 50 pays sont inscrits dans cette catégorie (voir tous). Ce qualificatif est généralement attribué aux pays où l'espace civique est fortement contesté par les détenteurs du pouvoir, qui imposent une combinaison de contraintes juridiques et pratiques au plein exercice des droits fondamentaux (voir la description complète des catégories).

Pour plus d'informations ou pour organiser un entretien, veuillez écrire à media@civicus.org.