Burkina Faso
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The CIVICUS Monitor downgrades Burkina Faso’s civic space to "Repressed" as military junta silences critics and censors media amid a prolonged transitional period
4 DECEMBER, 2024
- Enforced disappearances, abductions, arrests and forced conscription used to silence activists, magistrates and journalists
- Transition period to civilian rule extended with five years
- Dozens of media outlets or news programmes suspended in retaliation for their reporting
The CIVICUS Monitor announced in a new report Wednesday that it has downgraded Burkina Faso's civic space to "Repressed" in its annual ratings amid an escalating crackdown on civic freedoms since Burkina Faso’s latest military coup in September 2022.
Burkina Faso’s downgraded rating, detailed in the People Power Under Attack 2024 report, follows a year of increasingly using an emergency law to forcibly conscript and silence human rights activists, journalists and magistrates. For example, in November 2023, a dozen of journalists, opposition members and activists received a conscription order to join the fight against Islamist groups. In December 2023, Secretary-General of the Collective Against Impunity and Community Stigmatisation (CISC), Daouda Diallo was abducted, and a few days later seen in military fatigues in a social media post. Despite a ruling by an Ouagadougou administrative court, on 6 December 2024, that the conscription orders are not legal, authorities continued to use targeted conscriptions to repress critics and activists. Magistrates - judges and prosecutors - who have initiated proceedings against supporters of the military junta also received conscription orders in August 2024.
“Forcing journalists, activists and magistrates to join the military fight against Islamist armed groups is not only illegal, but also a very harsh way to silence critics,” said Pierre-Claver Dekpoh of the West African Human Rights Defenders Network (WAHRDN). “It shows how far the military junta is willing to go to silence those criticising its rule”.
The space for human rights activism in Burkina Faso is increasingly closing down. Human rights lawyer and coordinator of Servir et non se servir (SENS) Guy Hervé Kam has been abducted, held incommunicado and kept in custody several times in 2024. Kam, also the co-founder of social movement Balai citoyen, has publicly criticised the military transitional authorities.
The CIVICUS Monitor, which is a research consortium led by global civil society alliance CIVICUS, tracked civic space conditions in 198 countries throughout the year. The Monitor determines each country’s rating based on data on civic space incidents collected by dozens of regional civil society research partners around the world. Incidents may include protests, censorship, arrests of human rights activists and more. Each country then receives a rating between 0-100 based on its incidents, with higher scores indicating more open civic space.
This year, Burkina Faso's score dropped 12 points from 46 to 34, moving it from the middle tier “Obstructed” to the second worst tier “Repressed.” A “Repressed” rating means civic space is significantly constrained. There are 51 total “Repressed” countries around the world.
Meanwhile, censorship in Burkina Faso is on the rise. The national media regulator, the High Council for Communication (CSC), suspended multiple media outlets or programmes in retaliation for their reporting, often on the security or human rights situation, showcasing little tolerance for criticism. For example, on 25 April 2024, the CSC suspended Voice of America and BBC Africa for a period of two weeks, as a “precautionary measure” after both outlets featured a report by Human Rights Watch, alleging the military had killed civilians in Nodin and Soro. Two days later, seven other foreign media outlets were suspended, some for an indefinite period.
“This pattern of suspending media outlets as retaliation for reporting on the security situation in the country, has not only increased censorship and self-censorship in the country, but is also preventing citizens from accessing information” said Ine Van Severen, civic space researcher for the CIVICUS Monitor.
Notes to the Editor:
The CIVICUS Monitor is a research tool that provides quantitative and qualitative data on the state of civil society and civic freedoms in 198 countries and territories. The data is generated through a collaboration with more than 20 civil society research partners, and input from a number of independent human rights evaluations. The data provides the basis for civic space ratings and countries can be rated as either 'Closed', 'Repressed', 'Obstructed', 'Narrowed' or 'Open'.
For interviews, please contact: media@civicus.org
Le CIVICUS Monitor rétrograde l’espace civique du Burkina Faso à « Réprimé » alors que la junte militaire réduit au silence les critiques et censure les médias en pleine période de transition prolongée
4 DÉCEMBRE, 2024
- Des disparitions forcées, des enlèvements, des arrestations et des conscriptions forcées pour museler militants, magistrats et journalistes
- Une prolongation de cinq ans de la période de transition vers un régime civil
- La suspension de dizaines de médias ou programmes d’information en représailles à leurs reportages
Le CIVICUS Monitor a annoncé dans un nouveau rapport publié mercredi qu’il rétrograde l’espace civique du Burkina Faso à la catégorie « Réprimé » dans ses évaluations annuelles, face à l’intensification de la répression des libertés civiques depuis le dernier coup d’État militaire de septembre 2022.
Le classement du Burkina Faso, détaillé dans le rapport Le Pouvoir du Peuple Sous Attaque 2024, fait suite à une année marquée par l’utilisation croissante d’une loi d’urgence pour enrôler de force et réduire au silence les défenseurs des droits humains, journalistes et magistrats. En novembre 2023, par exemple, une douzaine de journalistes, opposants et militants ont reçu des ordres de conscription pour rejoindre la lutte contre les groupes islamistes. En décembre 2023, Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation communautaire (CISC), a été enlevé. Il est apparu quelques jours plus tard en tenue militaire dans une publication sur les réseaux sociaux. Malgré une décision du tribunal administratif de Ouagadougou, rendue le 6 décembre 2024 et déclarant ces ordres illégaux, les autorités ont poursuivi les conscriptions ciblées pour réprimer les voix critiques et les militants. En août 2024, des magistrats ayant engagé des poursuites contre des partisans de la junte ont également reçu des ordres similaires.
« Forcer journalistes, militants et magistrats à rejoindre le combat militaire contre les groupes armés islamistes est non seulement illégal, mais aussi une méthode brutale pour étouffer la dissidence », a déclaré Pierre-Claver Dekpoh, du Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (WAHRDN). « Cela montre jusqu’où la junte est prête à aller pour faire taire les voix critiques. »
L’espace dédié à la défense des droits humains au Burkina Faso se réduit dangereusement. Guy Hervé Kam, avocat des droits humains et coordinateur de Servir et non se servir (SENS), a été enlevé, détenu au secret et maintenu en garde à vue à plusieurs reprises en 2024. Cofondateur du mouvement citoyen Balai Citoyen, Kam a publiquement critiqué les autorités militaires de transition.
Le CIVICUS Monitor, un consortium de recherche dirigé par l'alliance mondiale de la société civile CIVICUS, a suivi tout au long de l'année les conditions de l’espace civique dans 198 pays. Le Monitor attribue à chaque pays une note basée sur des données relatives à des incidents concernant l’espace civique, collectées par des dizaines de partenaires régionaux de recherche issus de la société civile à travers le monde. Ces incidents peuvent inclure des manifestations, de la censure, des arrestations de défenseurs des droits humains, entre autres. Chaque pays reçoit ensuite une note comprise entre 0 et 100, les scores les plus élevés indiquant un espace civique plus ouvert.
Cette année, le score du Burkina Faso a chuté de 12 points, passant de 46 à 34, le faisant basculer de la catégorie intermédiaire « entravé » à « Réprimé », la deuxième pire classification. Une évaluation en tant que « Réprimé » signifie que l’espace civique est considérablement restreint. Au total, 51 pays dans le monde se trouvent dans cette catégorie.
Parallèlement, la censure s’intensifie au Burkina Faso. Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a suspendu plusieurs médias et programmes pour leurs reportages critiques, notamment sur des questions de sécurité et de droits humains, ce qui témoigne du peu de tolérance existante envers la critique. Par exemple, le 25 avril 2024, Voice of America et BBC Africa ont été suspendus pendant deux semaines, suite à une « mesure de précaution » après avoir diffusé un rapport de Human Rights Watch accusant l'armée d’avoir tué des civils à Nodin et Soro. Deux jours plus tard, sept autres médias étrangers ont été suspendus, certains pour une durée indéterminée.
« Cette série de suspensions des médias et programmes en représailles à leurs reportages sur la situation sécuritaire dans le pays ne fait qu’accroître la censure et l’autocensure, empêchant les citoyens d’accéder à l’information », a déclaré Ine Van Severen, chercheuse sur l’espace civique pour le CIVICUS Monitor.
Notes à l’attention des rédacteurs
Le CIVICUS Monitor est un outil de recherche fournissant des données quantitatives et qualitatives sur l’état de la société civile et des libertés civiques dans 198 pays et territoires. Les données sont générées grâce à une collaboration avec plus d’une vingtaine de partenaires de recherche issus de la société civile, et à des contributions d’évaluations indépendantes des droits humains. Ces données servent de base aux évaluations de l’espace civique, qui selon les pays peut être classé comme « Fermé », « Réprimé », « Entravé », « Rétréci » ou « Ouvert ».
Pour les interviews, veuillez contacter : media@civicus.org
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