Contexte
Le 11 novembre 2021, les États-Unis ont levé les sanctions imposées au Burundi en 2015. Le président Joe Biden a publié un décret affirmant que la situation qui a motivé la déclaration d'une urgence nationale, qui menaçait la paix, la sécurité et la stabilité du Burundi, avait changé de manière considérable à la suite du décès du président Pierre Nkurunziza l'année dernière, et à l'élection du président Évariste Ndayishimiye. En réponse, Armel Niyongere, un avocat burundais en exil, a exhorté la communauté internationale à conditionner la reprise de la coopération au respect des droits humains au Burundi, tout en soulignant que la situation des droits humains est désastreuse et que l'impunité persiste.
En décembre 2021, le gouvernement burundais avait annoncé qu'il ne coopérerait pas avec le rapporteur spécial sur la situation du pays nommé par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU quelques mois auparavant, en octobre 2021. De 2016 à 2021, le Burundi a refusé de coopérer avec la commission d'enquête mise en place par le Conseil, rendant ainsi impossible leur visite au pays. Pendant son mandat, ses membres se sont appuyés sur des méthodes de travail alternatives pour documenter les violations et les abus des droits humains.
Liberté d'association
Le 29 décembre 2021, le président Ndayishimiye a promis de libérer les prisonniers politiques. Cette annonce s'inscrit dans le cadre de l'amnistie que le président concède traditionnellement aux détenus à la fin de chaque année, bien que les prisonniers politiques soient rarement inclus. « Je ne veux pas que des gens soient arrêtés s'ils ne sont pas des meurtriers », a déclaré le président Ndayishimiye. « Nous envisageons maintenant de leur offrir un cadeau de Nouvel An... C'est quelque chose que nous ferons très bientôt ». Comme nous l'avons signalé sur le Monitor CIVICUS, plus de 5 000 prisonniers ont été graciés en mars 2021, y compris les quatre journalistes d'Iwacu, dont l'emprisonnement à cause de leur travail avait déclenché une mobilisation internationale des OSC.
⭕️ #Burundi — Officers of the Burundian intelligence services, SNR, tortured a man from Buringa, Augustin Matata. The torture was so bad that Mr. Matata was sent to the hospital under police escort and he later died. The @BurundiGov has not reacted. pic.twitter.com/7nexv8EaV4
— iBurundi (@iburundi) December 16, 2021
D'autre part, le Congrès national pour la liberté (CNL), principal parti d'opposition du Burundi, a accusé le gouvernement d'être responsable des disparitions forcées et des arrestations arbitraires de certains de ses militants. Selon la Commission nationale indépendante des droits de l'homme (CNIDH), des agents du Service national de renseignement (SNR) ont torturé Augustin Matata, un cadre du CNL dans la commune de Gihanga, province de Bubanza, entraînant sa mort le 15 décembre 2021. Matata a disparu et a été torturé par les agents du SNR après qu'ils l'ont accusé de posséder des armes à feu.
La CNL s'est alarmée de la multiplication d'assassinats et de disparitions parmi ses militants et a appelé au respect de la loi, tout en rappelant que le Burundi a ratifié la Convention contre la torture.
Le chef du CNL déplore :
« C’est dommage que les exécutions extrajudiciaires continuent de battre le plein, alors que normalement nul ne devrait être exécuté sous quelle que forme que ce soit pour un crime qu’il n’a pas commis. Juste parce que quelqu’un est soupçonné, on le torture jusqu’à ce que mort s'ensuive, c’est scandaleux. »
Lors d'une réunion avec la CNIDH, le SNR a confirmé que Matata avait été torturé et a annoncé que des mesures avaient été prises pour traduire en justice les agents responsables.
Liberté d'expression
Le 27 janvier 2022, des agents de police ont arrêté et détenu le journaliste de Bonesha FM Venant Niyomwungere alors qu'il couvrait un incendie au poste de police municipal de Bujumbura. Le lendemain, après l'avoir gardé en détention la nuit, les agents l'ont interrogé pendant trois heures et lui ont reproché de ne pas avoir sa carte de presse délivrée par le CNC, le Conseil national de la communication.