Liberté de réunion pacifique
Le 18 avril, 155 000 fonctionnaires appartenant à l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) se sont mis en grève pour réclamer de meilleurs salaires et protester contre leurs conditions de travail, après que les négociations avec le gouvernement sur un nouvel accord ont échoué. Il s’agit de l'un des mouvements sociaux les plus importants de l'histoire du pays. Les organisateurs ont annoncé l'installation de piquets de grève dans 250 localités et ont fait savoir que les équipes de négociations poursuivront les pourparlers pendant toute la durée de la grève. Le syndicat a également demandé plus de flexibilité pour ceux qui souhaitent télétravailler. De son côté, le gouvernement a soutenu que ses propositions sont plus qu'équitables et que les demandes de l'AFPC seraient trop coûteuses.
Le 30 mars, la police a arrêté au moins cinq personnes dans le territoire des Wet'suwet'en, à proximité du site de construction d'un gazoduc qui traversera le centre de la Colombie-Britannique. Cette intervention de la police s'est produite à la suite d'une plainte déposée par un ouvrier travaillant dans le projet pétrolier et gazier Coastal GasLink, qui a déclaré que des manifestants masqués se sont précipités sur lui. Par ailleurs, il affirme qu'il y a eu des tirs de fusées et qu'une tronçonneuse a été volée du chantier. Le lendemain, la police a perturbé une manifestation et a arrêté quatre personnes qui auraient refusé d'obtempérer et une autre qui aurait prétendument empêché la police de mener une fouille. « Ces actes de harcèlement et d'intimidation sont exactement le type de violence employée pour nous chasser de nos terres », explique Na'Moks, chef héréditaire des Wet'suwet'en, dans un communiqué de presse.
La menace constante de la violence et la criminalisation du simple fait d'habiter sur nos propres terres est probablement ce que nos ancêtres ont ressenti lorsque les agents indiens et la GRC les ont chassés en brûlant leur maisons, jusque dans les années cinquante dans notre région.
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Le 4 avril, des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant les bureaux du ministère de la Sécurité publique à Toronto pour demander la fin du traité sur les demandeurs d’asile signé par le Canada et les États-Unis, après que huit personnes se sont noyées en tentant d'entrer dans le pays. Les manifestants ont remis une pétition au ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino, dont le bureau est chargé de la surveillance des frontières. Syed Hussan de Migrant Workers Alliance a communiqué que la pétition avait recueilli des milliers de signatures en faveur de l'abrogation du traité et de la concession du statut de résident permanent à tous les migrants. Ces décès ont eu lieu moins de deux semaines après la modification de l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS), qui permet aux réfugiés de demander l'asile dans le premier pays sûr où ils arrivent.
Le 25 mars, s'est tenue une manifestation devant l'ambassade des États-Unis à Ottawa pour protester contre la visite du président Joe Biden et l'envoi d'armes en Ukraine. Les manifestants ont brandi des pancartes et scandé des slogans contre l'aide occidentale à l'Ukraine, qui d'après eux contribue à saper la paix et la stabilité dans la région. Ils ont également appelé Washington à cesser d'étendre la guerre. L'événement a aussi commémoré le 24ᵉ anniversaire du début des 78 jours de bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN et le 20ᵉ anniversaire de l'invasion de l'Irak par les États-Unis.
Le 1ᵉʳ avril, plus de cent personnes ont manifesté devant la Vancouver Art Gallery avant de se rendre devant les bureaux d'une grande banque pour participer à une journée d'action nationale contre le financement bancaire de projets liés aux combustibles fossiles. Des manifestations ont eu lieu dans quarante localités du pays pour s'opposer au financement de ce type de projets par la Banque royale du Canada (BRC). La défenseure des terres des Wet'suwet'en Eve Saint a pris la parole durant la manifestation de Toronto et a fait savoir qu'une délégation wet'suwet'en espérait rencontrer le président-directeur général de RBC, Dave McKay. « Nous nous engageons sur une voie très effrayante », a averti Saint lors d'une interview. Elle a cité des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations et les incendies comme exemples des effets de la crise climatique.
En avril, des étudiants menacés d'expulsion du Canada ont organisé une manifestation à Toronto pour demander au gouvernement canadien de revenir sur sa décision de les rapatrier. La plupart sont originaires d'Inde et avaient reçu de fausses lettres d'admission aux universités canadiennes de la part d’une agence de voyage. « Nous sommes venus ici dans l'espoir d'un bel avenir et nous avons travaillé dur. Nous avons eu nos diplômes dans de bons centres canadiens, nous avons obtenu des permis de travail du gouvernement canadien et nos casiers judiciaires sont vierges. Nous avons payé tous nos impôts depuis notre arrivée et maintenant, sur quelle base nous demande-t-on de quitter le pays ? » s'insurge un étudiant.
En mars, des habitants de la Colombie-Britannique ayant des liens avec la région indienne du Punjab se sont rassemblés à Vancouver pour protester contre la persécution présumée d'un important dirigent communautaire par le gouvernement indien. Les organisateurs de la manifestation ont expliqué qu'Amritpal Singh a pris d’assaut d'un poste de police en Inde et que par la suite les autorités ont imposé des restrictions sur les rassemblements, censuré des médias et coupé l'accès à internet, une décision qui a touché plus de vingt millions de personnes selon des estimations. « Nous sommes ici pour montrer notre désaccord et notre mécontentement à l'égard de l'État indien pour la suspension des libertés civiles et la violation des droits de l'homme », déclare l'un des participants.
Le 17 avril, environ 500 personnes se sont rassemblées devant la Chambre d'assemblée de Terre-Neuve pour demander au gouvernement de prendre des mesures concernant la zone de pêche la plus lucrative de la province. De nombreux membres du syndicat Fish, Food & Allied Workers Union portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Les personnes avant les profits » ou « Finissons avec la mainmise des transformateurs ». Ils affirment qu'ils ne peuvent pas se permettre de pêcher le crabe au prix actuel fixé par le gouvernement au début du mois (2,20 $ CA la livre), qui est très inférieur au prix de la saison dernière (presque 8 $ CA la livre). Ce tarif a été proposé par l’Association of Seafood Producers et a été accepté par l'entité gouvernementale chargée de fixer les prix.
Liberté d'expression
Début avril, un·e député·e provinciale a proposé un projet de loi pour rendre illégaux les « propos injurieux » dans un rayon de cent mètres autour d'un spectacle de drag queens, notamment lorsqu'elles lisent des comptes aux enfants. Cette mesure vise à créer une « zone de sécurité pour la communauté 2SLGBTQIA+ » autour des spectacles de drag et d'autres événements LGBTIQ+ en Ontario. Quiconque manifesterait dans ce périmètre serait passible d'une amende de 25 000 $ CA. Si le projet de loi est adopté, « il interdira les troubles, les actes d'intimidation, les menaces, les menaces injurieuses, les remarques désobligeantes, les manifestations et la distribution de propagande haineuse contre les personnes homosexuelles et trans », précise Kristyn Wong-Tam, auteur·ice de la proposition. Les défenseurs de la liberté d'expression estiment que ce projet de loi « pénaliserait la liberté d'expression et le droit de manifester, tous deux protégés par la Constitution canadienne ».