Liberté d'expression
Détention d'un journaliste, un journal contraint de cesser ses activités
Le 29 décembre 2020 des forces de sécurité armées ont arrêté le journaliste et rédacteur en chef du journal L'Indépendant express Carlos Ketohou à son domicile de Lomé. Le lendemain il a été convoqué devant le Service central de recherches et d'investigations criminelles. Le journaliste est resté sous détention pendant quatre nuits pour diffamation et a été remis en liberté le 2 janvier 2021 à la condition d'être disponible « à tout moment », selon Ketohou, qui s'est entretenu avec le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le 4 janvier 2021, Ketohou a été convoqué par la Haute Autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC) qui l’a accusé de diffamation et de violation du Code de déontologie lors de la publication de l'article « Scoop de fin d’année : deux femmes ministres interpellées pour vol de cuillères dorées », publié le 29 décembre 2020. La HAAC a en outre ordonné au journal de cesser toutes ses activités — édition papier et en ligne — et a demandé au Tribunal de première instance de Lomé de retirer sa licence d'exploitation au journal.
Muthoki Mumo du CPJ affirme :
« La détention du journaliste Carlos Ketohou par les autorités togolaises et la fermeture forcée de son journal constituent des violations flagrantes de la liberté de la presse dans le pays. Les autorités devraient mettre un terme à leur intimidation de la presse et permettre à Ketohou de travailler sans crainte et à L'Indépendant Express de fonctionner en toute liberté. »
Un journaliste et un journal condamnés à des amendes
Le 4 novembre 2020, le Tribunal de première instance de Lomé a déclaré le journal L'Alternative et son rédacteur en chef Ferdinand Mensah Ayité coupables de diffamation, en vertu des articles 160 et 164 du Code de la presse, et les a condamnés à payer chacun une amende de deux millions de francs CFA (3 714 USD), en plus de deux millions de francs CFA de dommages et intérêts à Fabrice Adjakly, membre du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP). Comme nous l'avons signalé précédemment sur le Monitor, Adjakly avait porté plainte contre le journal d'investigation et contre le journaliste pour un article publié le 9 juin 2020, où il était question de plusieurs années de détournement de fonds dans l'importation d'essence et la fixation des prix de l'essence, impliquant l'homme d'affaires Fabrice Adjakly et son père.
Selon la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), Ferdinand Mensah Ayité a fait l'objet de menaces, notamment de mort, et d'actes d'intimidation après la publication de l'article, surtout par le biais d'appels téléphoniques anonymes.
Ayité a été convoquée devant le Service central de recherches et d'investigations criminelles le 11 janvier 2021, mais sa convocation a été annulée le 9 janvier.