Burkina Faso : la colère monte face aux attaques djihadistes https://t.co/Cf6Nnqoxvl
— Le Point Afrique (@LePointAfrique) July 4, 2021
Liberté de réunion pacifique
Des milliers de personnes se mobilisent contre l'insécurité croissante dans le pays
Le 3 et 4 juillet 2021, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs localités du Burkina Faso pour protester contre l'insécurité croissante provoquée par les attaques de groupes djihadistes armés et pour demander l'intervention du gouvernement. Ces manifestations ont été convoquées par l'opposition et certains groupes de la société civile. Les burkinabés se sont rassemblés à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, à Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, Kaya, Fada N'Gourma et d'autres localités, portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Non aux attaques sans fin » et « Non à l'abandon des populations ». Selon les organisateurs de ces marches, les populations ont manifesté dans 44 des 45 provinces du pays. Avant les manifestations, le 27 juin 2021, le président Roch Marc Christian Kaboré a appelé l'opposition et les groupes de la société civile à « surseoir » aux manifestations et aux réunions prévues contre l'insécurité, « afin de ne pas faire le lit de notre désunion, face à un ennemi commun ».
Les manifestations se sont multipliées depuis le massacre du 5 juin 2021 à Solhan, dans le nord-est, où des hommes armés ont tué entre 132 et 160 personnes pendant la nuit. Le 12 juin 2021, par exemple, des burkinabés ont manifesté à Dori, dans le nord du pays, pour protester contre « l'inaction du gouvernement » face à la détérioration de la situation.
Le mouvement social Balai Citoyen ne s'est pas mobilisé pour ces manifestations, choisissant plutôt de déposer une plainte contre le gouvernement pour « non-assistance à personne en danger » en raison de la non-intervention d'une base militaire proche.
Depuis 2015, le Burkina Faso a connu une augmentation des attaques des groupes djihadistes, notamment du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda, et du groupe État islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Omega Médias suspendu pendant cinq jours#BurkinaFaso : Le Conseil supérieur de la Communication, #CSC, a suspendu, ce lundi, les chaînes d'information, Radio Oméga et Oméga Tv. @radiosomega avait publié des info sur l'attaque d’un bus qui s'est avérée fausse. Le DG avait mis fin aux fonctions du réd-chef. #Lwili pic.twitter.com/2HxoptDwCA
— Djakaridia Siribié 🇧🇫 (@Dsiribie) June 8, 2021
Le 8 juin 2021, le Conseil supérieur de la communication (CSC), l'autorité nationale de régulation des médias du Burkina Faso, a suspendu pendant cinq jours le groupe Omega Médias, maison mère de Radio Oméga et d'OmégaTV. Le CSC accuse le groupe de médias d'avoir diffusé des « informations erronées » à la suite de l'attaque terroriste meurtrière de Solhan, qui a fait entre 132 et 160 morts. Selon le CSC, ces erreurs comprennent une information selon laquelle les auteurs du massacre seraient retournés à Solhan, information qui, d'après Reporters sans frontières (RSF), a été confirmée par le maire de Solhan, et une autre information selon laquelle quarante personnes seraient mortes lors d'une attaque contre un bus. Le CSC a également épinglé d'autres médias qui avaient relayé les mêmes informations et a convoqué Radiotélévision du Burkina, l'Observateur Paalga et Radio France Internationale (RFI).
Dans une conversation avec RSF, Ouezzin Louis Oulon, directeur général de Radio Oméga, a dénoncé une décision « disproportionnée, abusive, précipitée et partiale ». Dans un communiqué de presse, les organisations professionnelles des médias Association des journalistes du Burkina Faso (AJB), le Syndicat autonome des travailleurs de l'information et de la culture (SYNATIC), la Société des rédacteurs de la presse privée et le Centre national de presse Norbert Zongo(CNP-NZ), ont également qualifié la décision de suspension du groupe de médias de « disproportionnée et abusive ». Tout en regrettant la diffusion d'informations dont la véracité n'était pas confirmée, elles ont indiqué que face à cette situation le groupe de médias avait décidé de destituer son rédacteur en chef et avait présenté des excuses à ses auditeurs avant sa suspension, tout en soulignant les difficultés des journalistes à obtenir des informations officielles.
Le groupe Oméga a repris ses émissions le14 juin 2021.
Two Spanish journalists who went missing in Burkina Faso were killed in an ambush https://t.co/xcft8MJoad pic.twitter.com/MH2UK7DUYW
— Al Jazeera English (@AJEnglish) April 27, 2021
Deux journalistes et un défenseur de l'environnement tués dans une attaque armée
Le 26 avril 2021, deux journalistes espagnols — le reporter David Beriáin et le photographe Roberto Fraile — sont tombés dans l'embuscade d'un groupe d'hommes armés sur une route menant à la réserve de Pama, dans l'est du Burkina Faso. Ils faisaient partie d'un convoi de quarante personnes d'une unité anti-braconnage nouvellement formée, composée de militaires, de policiers et de gardes forestiers, qui venait de commencer ses opérations dans des zones de conservation près de la frontière avec le Togo et le Bénin. Plus tard, on a confirmé la mort des deux journalistes et de Rory Young, le directeur de la Chengeta Wildlife Foundation. Deux soldats ont été blessés dans l'attaque.
Les deux journalistes tournaient un documentaire sur les communautés vivant dans les parcs nationaux du Burkina Faso et sur les efforts du pays pour protéger ses parcs contre les braconniers.
Dans une interview accordée au Comité de Protection des Journalistes (CPJ), le coordinateur de la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d'Investigation en Afrique de l'Ouest (CENOZO) Arnaud Ouédraogo a commenté les défis auxquels sont confrontés les journalistes au Burkina Faso :
« La liberté de la presse au Burkina Faso a été mise à rude épreuve ces dernières années, notamment en raison de la montée du terrorisme. La couverture du terrorisme devient de plus en plus difficile pour les journalistes burkinabés, car le Code pénal du pays a été révisé et exige que les journalistes s'en tiennent aux versions officielles du gouvernement sur les attaques, ce qui conduit inévitablement à l'autocensure. Certaines localités du pays sont devenues pratiquement inaccessibles en raison de l'insécurité. »