Contexte
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Le Bénin a tenu des élections législatives le 8 janvier 2023. L'Union progressiste pour le renouveau (UPR) et le Bloc républicain (BR) — les partis au pouvoir — ont obtenu 37,56 % et 29,23 % des voix, remportant ainsi 81 sièges qui ont donné la majorité absolue au président Patrice Talon au Parlement. Les démocrates (LD), principal parti d'opposition, ont décroché 28 sièges. C'est la première fois en quatre ans que l'opposition obtient des sièges à l'Assemblée législative, puisqu'il lui avait été interdit de participer aux élections de 2019 en raison des exigences plus strictes du nouveau Code électoral. Comme nous l'avons signalé, les élections de 2019 ont été marquées par des violations de l'espace civique, notamment l’interdiction de toutes les manifestations, les coupures d'Internet, les arrestations arbitraires et l'usage excessif et létal de la force contre les manifestants.
#Bénin 🇧🇯 : le journaliste Virgile Ahouansè de Crystal News condamné à 1 an de prison avec sursis. RSF réprouve cette décision affligeante et appelle à une réforme urgente du Code du numérique, utilisé pour s’attaquer aux journalistes. https://t.co/trCjKdYwqV pic.twitter.com/kaSaEDbyBD
— RSF (@RSF_inter) June 15, 2023
Liberté d'expression
ARRESTATION ET POURSUITE D'UN JOURNALISTE
Le 15 juin 2023, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme a déclaré coupable de « diffusion de fausses nouvelles » le journaliste Virgile Ahouansè, directeur de l'information de la radio en ligne Crystal News. Il a été condamné à une peine de douze mois de prison avec sursis et à une amende de 200 000 francs CFA (327 USD) en vertu de l'article 550 du Code du numérique.
Des agents de police l'ont arrêté le 20 décembre 2022, quand il s'est rendu à un poste de police en réponse à une demande de comparution. Il est resté en détention pendant 48 heures et a été libéré sous caution le 22 décembre 2022.
Ces accusations portent sur un reportage diffusé en décembre 2022 sur des exécutions extrajudiciaires perpétrées par des policiers au sein d'une école publique de Dowa, à Porto-Novo. Deux personnes interviewées dans le cadre du reportage radio, dont le gardien de l'école, ont également été poursuivies et condamnées par le tribunal.
DÉTENTION D'UN JOURNALISTE NIGÉRIAN ACCUSÉ DE PARTICIPATION À UN MOUVEMENT TERRORISTE
Le 31 août 2023, des agents de police ont arrêté Damilola Ayeni, journaliste environnemental nigérian et rédacteur en chef de la Fondation pour le journalisme d'investigation (FIJ), alors qu'il était en mission dans le parc national de la Pendjari, dans le nord du Bénin. Il a été accusé de participer à un mouvement terroriste djihadiste et est resté détenu au secret dans un poste de police de Parakou jusqu'au 5 septembre 2023, date à laquelle il a été transféré à Cotonou. Ayeni a été libéré le 8 septembre 2023, après avoir comparu devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Dans un article publié par la FIJ, l'organisation affirmé avoir été contactée par une personne se présentant comme le « commissaire du poste de police de Parakou », qui aurait exigé 800 000 francs CFA pour la libération du journaliste.
🚨Au #Bénin, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) a suspendu le Groupe de presse “La Gazette du Golfe” pour «apologie de coup d’Etat». Une décision qui fait suite au traitement par les médias dudit Groupe, des récents événements survenus depuis le 26… pic.twitter.com/GPY3GhLnfp
— LSI AFRICA (@lsiafrica) August 9, 2023
UN MÉDIA SUSPENDU POUR SA COUVERTURE DU COUP D'ÉTAT MILITAIRE AU NIGER
Le 8 août 2023, la Haute Autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC) du Bénin a suspendu jusqu'à nouvel ordre le groupe de presse panafricain La Gazette du golfe, et donc ses chaînes de télévision, ses radios, sa presse écrite et ses sites Internet.
Le régulateur accuse La Gazette du golfe de ne pas avoir respecté la demande qu'elle avait faite aux médias dans un communiqué publié le 3 août, les invitant au « respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles et légales » dans le traitement des informations faisant l’apologie des coups d’État en Afrique et dans la sous-région. Concrètement, la HAAC accuse le groupe d'avoir défendu le coup d'État militaire du 26 juillet au Niger lors de sa couverture médiatique.
La suspension a été critiquée, notamment par l'Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB). En déclarations à la Fondation des médias pour l'Afrique de l'Ouest (MFWA), Zakiath Latoundji, président de l'UPMB, commente :
Les médias, qu’on ne l’oublie pas, ont pour mission d’informer le public, de faire des analyses et des réflexions, de susciter le débat public, d'éduquer et de divertir. De ce fait, un sujet d’actualité aussi important que la situation qui prévaut au Niger ne peut pas être passé sous silence dans les médias, en l’occurrence, dans un média d’envergure comme Golfe télévision
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Le 2 novembre 2023, la Cour constitutionnelle a statué que la HAAC n'a pas violé la Constitution du Bénin.
Liberté de réunion pacifique
DISPERSION DES MANIFESTATIONS CONTRE LA VIE CHÈRE
D'après des informations publiées par la presse, des policiers ont dispersé une manifestation le 22 septembre 2023 à Parakou. Les manifestants s'étaient rassemblés pour protester contre la cherté de la vie et une potentielle intervention militaire de la CEDEAO au Niger.
LES AUTORITÉS EMPÊCHENT UNE MANIFESTATION DE L'OPPOSITION
Le 30 octobre 2023, des agents de police auraient empêché une manifestation organisée par le parti d'opposition Les Démocrates qui devait se dérouler à Djidja, dans le département du Zou. En déclarations à Bénin Web TV, les autorités administratives ont affirmé que les organisateurs n'avaient pas reçu d'autorisation pour la tenue de la manifestation.