Au #Cameroun, 15 partisans du #MRC ont été condamnés, le 29 novembre 2019 à Douala, à 6 mois de prison ferme pour «action de rébellion et manifestation illégale» https://t.co/M7YtgrX6qu Ils avaient été arrêtés suite à la marche du 1er juin dernier... Quid de la décrispation pol ?
— Clément Boursin (@ClementBoursin) December 12, 2019
Réunion pacifique
Libération du chef de l'opposition Maurice Kamto et de 102 autres personnes, et condamnation à la prison pour quinze manifestants de l'opposition
Le 4 octobre 2019, le président Paul Biya a ordonnéau procureur d'abandonner les poursuites judiciaires contre le chef du parti d'opposition Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto et 102 autres personnes. Elles avaient été arrêtées dans le cadre des « marches blanches », des manifestations organisées par le MRC le 26 janvier 2019, pour dénoncer ce que les manifestants considéraient comme de la fraude électorale lors des élections présidentielles du 7 octobre 2018. Le 5 octobre 2019 des centaines de sympathisants se sont rassemblés devant la prison de Kondengui à Yaoundé pour saluer la libération du leader du MRC. La libération des membres de l'opposition a fait suite aux négociations entre le MRC et le gouvernement et s'est produite le dernier jour du Dialogue national sur la crise anglophone qui s'est déroulé à Yaoundé du 30 septembre au 5 octobre 2019.
Précédemment, le président Biya avait annoncé la libération de 333 détenus « pour des crimes commis lors de la crise anglophone » et poursuivis devant des tribunaux militaires.
Malgré cette mesure positive, plusieurs membres de l'opposition et journalistes sont toujours en prison et continuent d'être poursuivis par la justice. Lewis Mudge de Human Rights Watch affirme :
« La libération de Kamto et d'autres prisonniers ne prouve pas que le Cameroun a tourné la page, car les arrestations illégales se poursuivent. »
Le 29 novembre 2019, quinze partisans du MRC ont été condamnés à six mois de prison à Douala. Ces quinze personnes ont été arrêtées dans le cadre des manifestations du MRC du 1er juin 2019 et elles ont été accusées d'action de rébellion et de manifestation illégale. Comme nous l'avions signalé précédemment sur le Monitor, au moins 350 personnes ont été arrêtées le 1er juin 2019 dans plusieurs villes du Cameroun, lorsque des sympathisants et des membres du MRC ont tenté de manifester pour exiger la libération de Kamto et d'autres sympathisants du MRC arrêtés en raison des manifestations de l'opposition du 19 janvier 2019.
Manifestations contre l'augmentation des attaques de Boko Haram dans la région de l'Extrême-Nord
Le 9 novembre 2019, des dizaines de manifestants ont défilé à Moskota, dans la région de l'Extrême-Nord, contre l'augmentation des attaques de Boko Haram. Selon des informations parues dans la presse, les manifestants portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Non aux tueries » et « Non au silence de l'État ». Selon Amnesty International, au moins 275 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées entre janvier et novembre 2019 lors des attaques de Boko Haram dans la région de l'Extrême-Nord et bon nombre d'autres ont été enlevées ou mutilées. Des manifestations similaires contre les attaques de Boko Haram et l'insécurité croissante se sont déroulées le 17 juillet 2019 à Tourou et le 11 septembre 2019 à Tolkomari.
Des enseignants protestent contre l'insécurité et la violence dans les régions anglophones
Le 8 octobre 2019, suite à l'enlèvement d'un de leur collègue, des enseignants ont manifesté sur le campus de l'Université de Bamenda contre les violences dont ils sont victimes. Dans les deux régions anglophones des groupes armés séparatistes ont contraint des écoles à fermer, ont menacé des enseignants et ont enlevé des élèves et des enseignants. Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), en juin 2019 plus de 80 % des écoles des régions anglophones ont fermé leurs portes, ce qui affecte plus de 600 000 enfants.
Association
Huit jeunes défenseurs des droits de l'homme sont sortis de prison suite à l'ordre du président Paul Biya du 5 octobre 2019 de suspendre la procédure contre eux devant les tribunaux militaires, a annoncé Front Line Defenders. Comme nous l'avions signalé précédemment sur le Monitor, Jules Raymond Anama, Christian Ouemba Kuete, Juliette Ndim Bih, Yannick Mbakop, Samuel Talla Giles, Stanislas Tokam, Herman Zebaze Takoubo et Aimé Kameni Wetchadji avaient été arrêtés le 18 mai 2019 à Yaoundé alors qu'ils prenaient un selfie devant d'un bureau de poste et ont été accusés de rébellion, de complicité pour subversion, de non-dénonciation, d'utilisation d'un faux titre et de diffusion de fausses informations. Ils sont restés cinq mois en prison.
Selon des informations publiées dans la presse, le 20 octobre 2019 le père Paul Njokikang, prêtre catholique et directeur de l'Agence catholique pour l'aide internationale et le développement (CARITAS), a été arrêté à Bamenda après la messe. Il a été libéré le 21 octobre 2019 mais les raisons de sa détention restent inconnues. En mai 2019, le père Njokikang s’était adressé au Conseil de sécurité des Nations Unies lors d’une réunion sous la formule Arria sur la crise humanitaire au Cameroun.
Le militant et expert politique Abdul Karim a été mis en liberté le 1er novembre 2019. Comme nous l'avions signalé précédemment sur le Monitor, Karim avait été porté disparu le 25 septembre à Yaoundé. Le 30 septembre, Karim a été mis en examen pour actes de terrorisme, financement du terrorisme et sécession. Par le passé Karim avait été très critique concernant les actions du gouvernement dans les deux régions anglophones.